Des entorses aux droits des réfugiés dénoncées dans un rapport à paraître de la Cimade Océan Indien.
L'évacuation sanitaire de patients hospitalisés de Mayotte vers La Réunion suscite la colère de la Cimade Océan Indien. L'association de solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d'asile et aux étrangers en situation irrégulière a constaté des rapatriements forcés et une stigmatisation des sans-papiers, ainsi qu'un racisme évident envers des personnes dans le besoin. Ces pratiques vont à l'encontre des principes de la liberté de circulation et des droits des réfugiés.
L'évacuation sanitaire, appelée EVASAN, est un transport médicalisé de patients hospitalisés permettant l'accès à une offre de soins non disponible dans un territoire d'Outre-mer ou de Corse. Les transports sont régulés et organisés par le SAMU, selon le gouvernement. Toutefois, la Cimade a constaté que les patients mahorais, une fois pris en charge par le CHU de La Réunion, sont ensuite systématiquement "rapatriés" dans le 101ème département, ce qui est contraire à la liberté de circulation.
Le dispositif d'Evasan concerne près d'un millier de patients par an, mais la Cimade évalue à moins de 30 personnes par an, les patients qui devraient théoriquement rentrer à Mayotte et qui souhaitent finalement s'installer à La Réunion. Pour l'association, les évacuations sanitaires laissent entendre que l'Evasan serait une filière d'immigration sanitaire.
La Cimade remet également en cause l'application du protocole d'évacuation sanitaire entre Mayotte et La Réunion. La présidente de la Cimade Réunion, Elodie Auzéole, a qualifié les retours imposés à des "expulsions". Elle se pose d'ailleurs des questions sur la pertinence de ces "rapatriements" : "à quel moment décide-t-on que les soins sont terminés, notamment quand la personne a besoin de suite de soin et de rééducation" ?
Jouissant d'un régime dérogatoire, certaines lois ne s'appliquent pas à Mayotte. De fait, un permis de séjour n'est valable qu'à Mayotte mais pas dans les autres départements, a indiqué la Cimade, ce qui complique le parcours de soin des patients évacués. "Quand on n'a plus de papiers, on se retrouve dans un engrenage de précarisation d'exclusion et là-dessus se rajoute aussi un large vernis de racisme et de discrimination", a expliqué Elodie Auzéole, présidente de la Cimade à La Réunion.
La Cimade dénonce également le racisme évident envers les personnes dans le besoin, ainsi que la stigmatisation des sans-papiers. Interrogée par Réunion la1ère, Fanchon Oudjani, chargée de projet Cimade Océan Indien, a déclaré que l'évacuation sanitaire de "force des personnes d'un département français vers un autre département français" était contraire aux droits des réfugiés. Elle a également fait référence au prochain rapport de la Cimade Océan Indien, qui fait état d'entorses aux droits des réfugiés entre La Réunion et Mayotte.
En effet, pour la Cimade, les évacuations sanitaires sont souvent réalisées de manière obligatoire, ce qui est contraire aux principes humanitaires et aux droits des patients. De plus, l'association dénonce une stigmatisation des sans-papiers et un racisme évident envers des personnes dans le besoin, ce qui ne fait qu'aggraver leur situation précaire.