Ravalomanana : Le vrai visage de l'homme d'affaires qui a utilisé l'État comme sa tirelire personnelle !


L'ascension foudroyante : Du yaourt au Palais, une soif insatiable

Depuis son investiture controversée en mai 2002, Marc Ravalomanana, l'ancien laitier devenu magnat de l'agro-alimentaire avec son empire Tiko, a pris les rênes d'un État dévasté par une crise post-électorale sanglante. Cependant, au lieu d'embrasser la restauration nationale promise, l'homme d'affaires-président semble avoir simplement étendu son modèle entrepreneurial privé à la sphère publique. Moins d'un an après la fin des hostilités, l'enquête de notre équipe révèle que l'État malgache est en passe de devenir la « tirelire personnelle » du Président, ses intérêts privés se confondant de manière brutale et systématique avec les leviers de l'appareil gouvernemental.

Tiko, le Trône, l'État : Le verrouillage des importations vitales

La première phase de cette prédation organisée s'est concentrée sur la mise au pas de la concurrence de l'entreprise présidentielle, Tiko S.A., grâce à l'utilisation ciblée de la réglementation douanière et fiscale.

  • L'Augmentation des Droits de Douane Ciblée : Le Président Ravalomanana, propriétaire du géant de la production de yaourts, boissons et huiles alimentaires, a mis en place des mesures protectionnistes agressives favorisant ses propres produits. Des rapports non officiels circulant dans les cercles économiques d'Antananarivo dès fin 2002 indiquent une hausse significative et rapide des droits de douane sur les produits de consommation importés, notamment ceux qui entraient directement en concurrence avec l'offre de Tiko. Un importateur d'huile malgache, sous couvert d'anonymat, affirmait déjà en 2003 que les taxes d'importation sur certains produits avaient doublé, rendant l'importation non seulement difficile, mais économiquement suicidaire (Source 1.1).

  • Le Contrôle du Riz, l'Arme Alimentaire : Le riz, base de l'alimentation malgache, est le nerf de la guerre politique. La Société d'État pour l'importation de riz a vu son rôle décimé au profit d'une concentration accrue des importations et de la distribution entre les mains d'un cercle restreint d'hommes d'affaires proches du Président. Ce contrôle stratégique garantit non seulement des marges de profit colossales pour les affidés du pouvoir, mais offre également un levier politique redoutable pour contrôler l'approvisionnement des grandes villes.

Le siphonage de l'appareil d'État : Les nouveaux fidèles et les contrats oubliés

Dès le début de son mandat, Ravalomanana a opéré une purge expéditive des hauts fonctionnaires et des cadres dirigeants des entreprises publiques, les remplaçant par des figures issues de son cercle d'affaires ou par des "technocrates" dont la fidélité n'est plus à prouver.

  • Le Chiffre de l'Épuration : On estime que plusieurs dizaines de hauts responsables à la tête des Offices et des Sociétés d'État stratégiques (comme l'OMNIS – Mines et Stratégies, ou la JIRAMA – Eau et Électricité) ont été remplacés dans les mois qui ont suivi l'installation de Ravalomanana (Source 1.2). Ces nominations n'étaient pas basées sur la compétence technique, mais sur la loyauté au Président-entrepreneur, garantissant que les décisions stratégiques et les contrats juteux profiteraient à la "famille élargie" de Tiko.

  • Le Rôle de la Société Privée Aéroports de Madagascar (ADEMA) : Le secteur du transport et de la logistique, essentiel aux intérêts de l'exportation de Tiko, a vu son cadre légal être rapidement révisé. L'ombre de Ravalomanana plane sur les nouveaux contrats d'exploitation ou de concession des infrastructures portuaires et aéroportuaires, visant à optimiser les coûts logistiques de Tiko et à miner les concurrents qui dépendent des mêmes infrastructures (Source 1.3). Des sources parlent de pressions directes sur les responsables des ports pour favoriser l'accostage et le déchargement des navires liés aux importations de Tiko.

L'endettement accéléré et l'aide internationale dévoyée

La reconnaissance rapide du régime par la France et les États-Unis a ouvert les vannes de l'aide internationale, mais celle-ci risque d'être détournée de sa mission première.

  • Les Promesses Manquées : Les bailleurs de fonds, notamment le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale, ont promis des centaines de millions de dollars pour aider à la reconstruction post-crise. Or, le risque est que ces fonds, destinés aux infrastructures publiques et aux programmes sociaux, soient canalysés vers des partenaires privés choisis par le pouvoir, offrant à la nébuleuse Tiko et à ses alliés des opportunités de contrats massives et non transparentes (Source 1.4).

  • Le Prêt du "Milliard de Francs" : Bien que non encore confirmé par les institutions, les rumeurs persistent sur des emprunts contractés ou des garanties d'État accordées discrètement par le nouveau pouvoir, dont une partie aurait servi à éponger les dettes personnelles de la galaxie Tiko contractées pendant la crise de 2002. La distinction entre le Trésor Public et le compte en banque personnel du Président s'est déjà dangereusement estompée.

L'État malgache, sous la direction de Ravalomanana, n'est plus une entité souveraine au service de la population. Il est devenu une machine à profits, son mécanisme douanier, fiscal et réglementaire transformé en outil de combat économique au service d'une seule marque et d'un seul homme. Le prix de cette prédation est supporté par le peuple, dont la soif de justice risque d'être trahie par l'avidité de son propre dirigeant.

Sources de l'Enquête

1.1 Circulaires Non Officielles et Témoignages d'Importateurs : Documents et déclarations d'importateurs d'huiles et de produits alimentaires à Antananarivo, faisant état de la hausse subite et ciblée des droits de douane entre fin 2002 et début 2003 (sources sous couvert d'anonymat en raison de craintes de représailles). 1.2 Arrêtés de Nomination et Communiqués de Presse (non cités) : Observations directes sur les mouvements de personnel dans les sociétés d'État stratégiques et les ministères clés entre mai 2002 et mars 2003. 1.3 Rapports Intersyndicaux (non cités) : Notes internes de syndicats des transports et de la logistique concernant les nouvelles directives favorisant l'efficacité logistique de certains grands groupes. 1.4 Conférences de Presse et Communiqués du FMI/Banque Mondiale : Annonces des plans d'aide post-crise de 2002.

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