Victoria Kwakwa : « Il est temps de tracer un nouveau chemin vers la croissance et la réduction de la pauvreté à Madagascar »

 

J'entame ma première visite officielle sur cette belle ile en tant  que Vice Présidente régionale de la Banque Mondiale  pour l'Afrique de l'Est et Australe et je suis très enthousiaste à l'idée  de rencontrer et m'engager auprès d'un large éventail de parties prenantes, de décideurs politiques et d'acteurs  du changement qui partagent collectivement l'ambition de réaliser des avancées significatives en matière de développement pour Madagascar. 

La région Afrique et Madagascar traversent une période passionnante et pleine de défis. Dans ce pays de plus de 28 millions  d’habitants, la croissance inclusive a subi de plein fouet les chocs parallèles de la pandémie, de la guerre en Ukraine  entrainant des difficultés économiques et des impacts climatiques. Le ralentissement induit par la pandémie a annulé les gains précédents  et déclenché une récession environ trois fois plus profonde que dans le reste de l'Afrique subsaharienne, avec un effondrement des recettes d'exportation  et des investissements privés entrainant une contraction du PIB de 7,1% et du revenu par habitant de 9,8 % .  En conséquence, on estime que de 2,4 millions de personnes supplémentaires sont pass&es sous le seuil de la pauvreté international en 2020, ce qui porte le taux de pauvreté à un niveau record de 81,9%.

Les impacts prolongés de la guerre en Ukraine ne sont pas de bon augure pour l'avenir de la Grande Ile. La décélération de l'activité économique chez les partenaires  commerciaux devrait réduire sensiblement la croissance de  Madagascar en 2022, principalement en raison de la détérioration principalement en raison de la détérioration des perspectives de l'Union  Européenne qui absorbe plus d'un tiers des exportations du pays , tandis que la hausse des prix internationaux du pétrole contribuera à creuser le déficit commercial , les produits pétroliers raffinés représentant 5,1% du PIB. Le récent ajustement des prix à la pompe réduira les pressions budgétaires mais les dettes du gouvernement, vis à vis des distributeurs de carburant, restent élevées sur une note plus positive , ces récentes crises ont démontré la capacité de Madagascar à  maintenir la stabilité macroéconomique , grâce aux efforts passés d'assainissement budgétaire , à l'augmentation des interventions de protections sociale pour les plus vulnérables , au renforcement du cadre opérationnel de la Banque Centrale et aux importants  flux de financement concessionnels. 

Ne jamais laisser passer une crise sans en tirer les leçons, dit l’adage. Ces multiples chocs et risques sont une opportunité pour Madagascar de trouver une voie pour sortir du piège de la pauvreté, en s'appuyant sur sa riche diversité et son avantage comparatif : une main d'œuvre de qualité, des ressources naturelles uniques, le positionnement d'un certain nombre de produits, sur le marché haut de gamme, et une connexion internet rapide. Le pays peut parvenir à une croissance plus inclusive en améliorant les possibilités d'emploi grâce à l’accélération des investissement du secteur privé , en améliorant les résultats en matière de capital humain et en renforçant la résilience face aux chocs . Des progrès ne seront possibles que l’appropriation politique de ce changement est renforcée, et si le sort des populations pauvres et vulnérables est placé au centre du débat politique. Cela ne pourra réussir que s’il existe une coalition pour une croissance inclusive de tous les acteurs à Madagascar.

Que pouvons-nous faire différemment et comment la Banque mondiale peut elle mieux soutenir Madagascar dans ses aspirations ? Ce sont des conversations essentielles à avoir pour alimenter les discussions en cours alors que nous finalisons notre stratégie d’engagement pour les cinq prochaines années à Madagascar, connue sous le nom de Cadre de Partenariat Pays (CPF)

Le programme d’investissement de la Banque Mondiale à Madagascar s’est considérablement accru ces dernières années pour répondre aux crises urgentes mais aussi pour relancer l’économie et remettre le pays sur la voie du développement Avec 25 projets soutenant l’éducation , la nutrition , la santé , la protection sociale , la construction des routes , l’accès à l’énergie, l’eau , l’inclusion financière , l’environnement , l’économie bleue et d’autres secteurs , le portefeuille de la Banque à Madagascar s’élève désormais à 3,4 milliards de dollars . Cela inclut un effort délibéré pour recentre nos opérations sur les zones et régions les plus vulnérables notamment dans le Sud 

Le Groupe de la Banque mondiale se tient prêt à soutenir le peuple malagasy  et est prêt à jouer son rôle. 

Par Victoria Kwakwa , vice présidente régionale pour l'Afrique de l'Est et australe Banque Mondiale 

Photo : Visite officielle au Palais du Premier Ministre de Madagascar , Mahazoarivo 

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